Insurrection du 1er prairial an III

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Journée du 1er prairial de l'an IIIe, gravé par Helman d'après Monnet.
Estampe, Paris, BnF, département des estampes, 1796.

L'insurrection du 1er prairial an III ( dans le calendrier grégorien) est une révolte parisienne dont l'échec mit un terme au projet de restauration d'un gouvernement révolutionnaire dominé par les Montagnards.

Insurrection[modifier | modifier le code]

Entraînés par les sections jacobines de Paris (Faubourg Saint-Antoine et Saint-Marceau), les émeutiers, aux cris de « du pain et la Constitution de l'an I » (constitution de 1793) envahissent, le , la Convention. Ils assassinent Jean Bertrand Féraud, député des Hautes-Pyrénées, sa tête coupée est mise au bout d'une pique et présentée à Théodore Vernier, président de la Convention, et à Boissy d'Anglas, qui la salue. Quelques Montagnards tentent de restaurer le gouvernement révolutionnaire, mais les troupes commandées par le général Jacques-François Menou refoulent les insurgés les 21 et et les désarment[1]. La majorité de la Convention fait arrêter une douzaine de députés, crêtois et autres derniers montagnards (parmi lesquels Didier Thirion, Charles-Gilbert Romme et le chimiste Jean Henri Hassenfratz). La garde nationale est épurée et ne compte plus que des bourgeois aisés ; les sociétés populaires et les clubs sont fermés[2]. Cet épisode signe la fin de la Révolution populaire[1]. Il prépare l'approbation de la Constitution de l'an III qui confie l’exécutif à un Directoire de cinq membres, nommés par le Conseil des Anciens composé de 250 hommes mariés ou veufs de plus de 40 ans élus par les citoyens actifs (français de plus de 21 ans payant une contribution). La Convention se sépare le 4 brumaire de l'an IV et laisse la place au Directoire. Le 9 brumaire, le Conseil des Anciens confient le pouvoir à Paul Barras, Louis-Marie de La Revellière-Lépeaux, Jean-François Reubell, Étienne-François Letourneur et Emmanuel-Joseph Sieyès. Ce dernier refuse pour des raisons politiques la charge et est remplacé par Lazare Carnot[3].

Témoignage[modifier | modifier le code]

Les évènements sont relatés par Louvet dans le post-scriptum de sa lettre adressée au citoyen Villenave du 5 prairial an III (), 4 jours après les faits dans sa lettre à Mathieu-Guillaume-Thérèse Villenave.

Représentation[modifier | modifier le code]

Le président de la Convention, Boissy d'Anglas, salue les restes du député Jean Bertrand Féraud, mutilé par les sans-culottes.
Charles Ronot, Les Derniers Montagnards, 1882,
(musée de la Révolution française).

Le , Guizot, ministre de l'intérieur, lance, un concours pour la décoration de la salle des séances de la nouvelle Chambre des députés, au palais Bourbon, notamment sur le sujet : Boissy d’Anglas tenant tête à l’émeute. Cinquante-trois peintres présentent leur projet. Treize de leurs œuvres sont encore aujourd'hui localisées[4], parmi lesquelles celles de Hennequin, Alexandre-Évariste Fragonard (fils de Jean-Honoré Fragonard), Chenavard, Roehn, Court, et Delacroix. Le vainqueur du concours fut le tableau de Auguste Vinchon, réalisé entre 1833 et 1835 qui est exposé à l'hôtel de ville d'Annonay, salle des mariages. Il n'a jamais orné les murs du Parlement, l'époque ne se prêtant plus au rappel de prairial.

Un autre tableau, de Charles Ronot (1820-1895), Les Derniers Montagnards[5], réalisé en 1882, représente les suicides ou tentatives de suicide héroïques des six députés condamnés à la guillotine, le 17 juin 1795, pour avoir soutenu l'insurrection : Romme, Goujon, Duquesnoy, Bourbotte, Duroy et Soubrany.

En 1869 dans un roman inachevé, resté longtemps inédit, Le Chevalier de Sainte-Hermine, Alexandre Dumas père brode en inversant les données politiques. Sous Napoléon des martyrs se suicident collectivement selon le même mode opératoire que ceux de l'an III pour échapper à la condamnation à mort : mais ce sont des chouans contre-révolutionnaires.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

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  1. a et b Soboul, Albert. et Soboul, Albert., La révolution française, Gallimard, (ISBN 2-07-070106-9 et 9782070701063, OCLC 229077532, lire en ligne), p. 410-414
  2. Lefebvre, Georges, 1874-1959. et Dupli-print), Les thermidoriens ; Le Directoire, Paris, Armand Colin, dl 2016, 390 p. (ISBN 978-2-200-61370-9 et 2200613709, OCLC 951174926, lire en ligne)
  3. Jessenne, Jean-Pierre, 1949- ..., Révolution et Empire, 1783-1815, Paris, Hachette supérieur, dl 2014, 302 p. (ISBN 978-2-01-140322-3 et 2011403227, OCLC 894425360, lire en ligne)
  4. Voir Diacritiques, Boissy d'Anglas à la Convention (1er prairial an III).
  5. Analyse de l’œuvre