Nous répondons avec plaisir à cette question car vous avez fort à faire en matière d’éducation.
Par peur, vous croyez devoir être performants dans le monde pour y survivre face à l’adversité. Du coup, vous bâtissez des systèmes logiques abstraits pour vous structurer et vous outiller. Le livre est un accès à toutes formes de contenu, mais en arrière plan la langue, sa logique, sa structure, sa linéarité, la capacité à raisonner, cela est pure maîtrise. En maîtrisant des mots, mis en phrases, mises en raisonnements, vous vous saisissez du réel pour en faire une matière moins hostile.
Cet arrière plan de peur dans le projet éducatif est souffrant. C’est cette peur qui baigne les élèves, sous forme de devoir accéder à des niveaux et à des compétences, de devoir réussir, d’être noté – êtres infinis évalués sur de toutes petites échelles –, de vous hiérarchiser pour sélectionner les plus performants. Tout ceci entretient un ensemble contracté.
Donc certes, à travers les livres vous accédez aussi à l’intelligence, au discernement, au recul, et donc à une liberté, et une capacité d’entrer en relation sur des bases pacifiées car structurées. Mais pour rassurant et positif que ce soit, votre époque vous invite à plus de confiance, et moins d’outils.
Donc, une confiance moins basée sur la structure, l’apprentissage, les concepts, les strates sociales et l’organisation, et plus sur une libre accession à la vie.
Chaque enfant s’incarne avec tout en lui. C’est à dire qu’il ne dépend nullement d’un stock externe de savoir qu’il peut réussir ou échouer à intégrer, car il est lui-même tout le savoir nécessaire ; car il ira de lui-même chercher les briques nécessaires à son chemin ; car il dispose de la carte de son chemin unique, et des ressources pour cheminer, il a dans la main son propre bâton. Cela est peu concevable pour vous qui croyez devoir acquérir par l’éducation, là ou vous êtes déjà tout ce dont vous avez besoin.
Votre esprit logique ne peut accéder à cette réalité car vous raisonnez et échafaudez des scénarios. Mais la vie est bien plus vaste et imaginative, et rien ne se passe jamais comme vous le planifiez, votre geste est inutile, ce geste de maîtrise par peur est inutile.
Donc, laissez.
Donc, si ces écrans sont là, ne craignez pas.
Donc, ne figez rien.
Donc, ce qui vaut pour l’un ne vaut jamais pour l’autre, ne standardisez pas.
Donc, les obstacles que rencontrera tel enfant sont là pour sa formation.
Donc, notre réponse n’a pas pour but de répondre par oui ou non à l’avantage ou l’inconvénient de telle ou telle modalité éducative, de tel outil, mais d’ouvrir beaucoup plus, de vous dire que vous ne savez rien et que c’est à laisser comme ça.
Dans l’éducation : détendez-vous. Aimez vos enfants et faites-leur confiance. Vous ne pouvez en définitive rien pour eux, et eux peuvent tout. N’évaluez pas leur chemin vous ne le pouvez pas. Ne balisez pas à l’avance leur route vous ne le pouvez pas. Ne comparez pas le futur et le passé ils n’ont rien à voir. Ces temps sont nouveaux.
Nous ne célébrons bien entendu pas ce mouvement de marcher sur des livres, mais la seule chose de valeur, la seule chose à sacraliser et reconnaître c’est vous, aucun objet ou élément matériel ou conceptuel de ce monde n’a de valeur intrinsèque, la seule valeur est interne, la vie, quelque forme qu’elle prenne.
Nous vous remercions de votre question et sommes enchantés d’interagir,
Vos amis. |
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